Rassegna storica del Risorgimento
TITTONI TOMMASO ; POINCAR? RAYMOND
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1951
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693
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Le duci diplomatìque Poincaré-Tittoni {1912-1914) 693
dea gronda bonneurs quo le gouvememenl de la llépublique rcudait au défuul. Pea de temps après, un violent aritele du Corriere della Sera prit à parile la polilique personne Ile de Poincaré au Qua! d'Orsay; Tittoni cn avait redìge Ics grande lignea. In-sidiousemcnt, le S Juin. Iswolky vini qucstionner le Préstdeiit du Conseil francais sur la valeur des accorda del 1902 et sur lcur rcnouvellcmcnt évcntuel. Poincaré demeura impónetrable, mais se montru oppose à toute tentativo tendant à détacher l'Italie de la Triple Alliance, sclon Ics vucs de Bompard et de Caxnbon.
Le 4 Juiilet 1912, la féte de Léonard de Vinci, organisée à la Sorbonne sous les auspiccs de la ligue francoilaUeune, donna Iieu a une passe d'armes courLoise entra Tittoni et Poincaré, le premier ne resista pus au désir de taquiner son brutal antagoniste en faisant une allusion discrète aux incidcnls de Janvier. e Les afliuités elles seules, dit l'ambassadeur, sont quclquefois une base trop fragile pour l'arnitié des nations. Nous avons reconnu dans nos conversations que l'amitié doit avoir une base plus soUde . Le soir mème, Poincaré nota avec bumeur On a parie pcu ou prou de Léonard de Vinci ! . Cctte manifestaLicm, mal intreprétée par la presse, n'atteignit pas le but poursuivi par scs promoteurs: à savoir nne fète d'amitié latine devant dis-stper Ics nuages nés des incidente de Janvier. Iswolsky s'étant più à dire trop baut, dans les salons parisiens, que le seul homme poUtique inteUigent qu'il connaissait dans la Capitale, était M. Tittoni et que Pofaxcaré avait immédiatement porte l'inci-dent du Cartbagc à la tribune du Palaia Bourbon pour s'assurcr un succès parle-mcntaire personnel l'orgueilleux Lorrain prit fort à coeurla désinvolture de l'ambassadeur russe à l'égard de sa personne et de son action poUtique: e De telles déclara-tions, altil, en apprenant Ics propos d'Iswolsky, ne lui valent qu'un mediocre succès, et il s'en étonne . La presse officicuse ouvrit le feu contre les deux ambassadeurs amis, trop amis au gre de l'ombragcux Poincaré! 0 Dans le Journal des Débats, A. Gauvain, champion de la cause turque, s'en prit aux amitiés compUces et conscn-tantes quant a l'annexion de la Libye à l'Italie; e'était viser Rome et St Pétcrsbourg. Dans le Figaro, G. Hanotaux fit allusion aux amitiés de reebange et informa di-scrètement ses lecteurs que ce n'était un mystère pour personne, qu'autour de la petite Cour monténégrine, les scntimcnts russcs et italiens s'étaient rencontrés. Avec une nuance de reproebe à l'égard du représentant du Tsar allié, on lisait, dans un autre quotidien: e Ceux, qui veulent bien ouvrir leurs yeux, voient depnis plusieurs mois, M. Iswolsky adresscr toute ses coquetteries, non point au quai d'Orsay, mais à M. Tittoni . En réalité, Iswolsky ne faisait que complèter l'alliance franco-russe par l'amitié avec Rome, poUtique inaugurée jadis par Delcassé et Barrère, mais compromise par le discours parlcmcntaire du 22 Janvier et les pénibles négociations qui liquidèrent l'affaire des bateaux. Prévoyant un prochain duci austro-russe dans Ics Balkans, Iswolsky avait écrit à Sazonoff, le 17 Mai 1912 le refroidissement, qui s'est produit dans ces derniers temps dans les relations réciproques cntre la France et l'Italie, ne peut nous laisser indifféreuts... Nous ne croyou? pas utile, pour nous, d'exiger la sartie formelle de l'Italie de la Triplice, mais, dans les condìtions apparentes du
') Poincaré, ignorant le passe politique russophilc de Tittoni, qui remontait aux incidents austroitaliens de 1903, écrit On sait comment, au temps de la guerre ilalo-turquc, M. Iswolsky avait, en plein Paris, mnehiné uvee l'ambassadeur d'Italie, Tittoni, une obscure conjuration , Poi.NCA.ite, op. cit.
G. Louis, dans ses Cahiursi écrit (p. 99) Poincaré croit Iswolsky à la solde de Tittoni et lui attribuc une poUtique personuclle.
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