Rassegna storica del Risorgimento
BELGIO ; EMIGRAZIONE POLITICA
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1958
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Frans vati Kalken
l'Université de Louvain. Luigi Chitti fut professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Bruxelles, mais de nom seulement car il n'y donna jamais legon et acquit une haute situation dans la finance. Le savant et jovial Marco- Aurelio Zani de Ferranti perfectionnait à tei point son violon d'Ingres m dans la pratiquc des instruments à cordes qu'il avait recu le surnom de Paganini de la guitare! . Le peintrc-dessinateur de Ravenne Jean Gatti, et sa femme, Zoe de Gamond, esprit trèa moderne, firent mieux encore pour la cause de l'intellectualité belge en lui donnant leur fille Isabelle, féministe généreuse et pédagogue avertie. La Ville de Bruxelles lui confia la direction d'un Gours d'éducation pour jeunes filles. Ceci se passait en 1864, au temps où le professeur Saint-Marc Girardin invitait une dame à quitter son cours d'histoire en Sorbonne comme n'y ayant rien à faire, et vingt ans avant que Jules Ferry eut établi en France ses célèbres lycées pour jeunes filles. J'ai eu, étant enfant, le bonbeur d'approcher Mademoiselle Gatti, femme corpulente, petulante, toujours en action. Bile marqua d'une inefFacable empreinte les jeunes enseignantes qui furent formées sous sa direction et la Ville de Bruxelles reconnaissante a donne son nom à l'établissemcnt qu'elle avait si admi-rablement dirige jadis.
D'autres exilés et non des moindres eurent avec les Belges des rapporta moins fratcrnels, soit à cause de leur caractère ombrageux, soit parce qu'ils ne goùtaient pas notre bonhomie un peu narquoise et trop fami-lière. Tel fut le cas pour le pbilosophe-matbématicien de Florence Urbano Lampredi. Expnlsé d'Italie en 1831, à l'àge de 60 ans, il errait d'un lieu à l'autre, presque sans ressources. Dans un sentiment de compassion, l'opulent propriétaire de charbonnages bennuyers Nicolas Warocqué, fondateur d'une lignee célèbre de grands industricls, installa Lampredi dans son cbàteau de Mariemont et en fit le précepteur de son fils. La bonne entente ne dura guère. Warocqué avait des idées arrétées et son protégé, de son coté, était qualifìé par ses compatriotes d'uomo volcanico, de Toscano inquietissimo!. L'illustre Vincenzo Gioberti menait une vie retirée et d'une dignité parfaite. Mais sa réputation de conspirateur de grande envergure lui avait valu d'étre dis-crètement surveillé par la police. Peut-étre fut-ce là une des raisons pour lesquelles ce misantbrope tenait nos pères à distauce. En revancbe, c'étaient les Belges qui traitaient avec l'indulgence raillcuse qui leur était propre, lors-qu'il s'agissait d'illuminés ou de fraternels apótres, le non moins célèbre Filippo Buonarroti. Ce Jacobin rigide, ancien ami de Robespierre et implacable adversaire de Napoléon, avait été impitoyablement pourcbassé par les Autri-ebiens. Pour vivre, il donnait des lecons particulières de matbématiques, de langues, voire méme de musique. Résidant déjà dans nos contrées sous le regime hollandais, il s'était rendu suspcct au gouvernement de Guillaume I0r par ses relations d'amitié frateraelles avec le patriote antihollandais Louis De Potter. U avait assez longtemps été place en residence surveillée à Glim.es, paisible village de la Hesbaye brahangonnc. Le public belge n'en voulait pas trop à Buonarroti d'écrire une Histoire de la ConspiraHon de Babeuf (dont De Potter corrigea Ics ópreuvcs) dans un esprit d'cnthousiasmc. Ce public n'avait SUT le communisme en general et celai de Babeuf en particulier que des notions fort approximatives, mais il reprochait à celili qu'il denominata aussi injustement qu'irrévereneieusement le bon vieux fou sa crédulité optimiste et sa faiblesse deva ut de faux amis exploiteurs.