Rassegna storica del Risorgimento
BELGIO ; EMIGRAZIONE POLITICA
anno
<
1958
>
pagina
<
23
>
Italiens eri Belgique 23
*
Sauf dans les milieux dont nous avons parie, le niveau moyca des Bcl-ges de ce temps était encore assez mediocre. Meme à Bruxelles pour repren-dre une phrase de Voltaire la vie retirée et douce de presque tous les par-ticuliers rassemblait si fort à l'eunui que l'on s'y méprenait aisément . Ce ne fut donc pas une mediocre gioire pour les exilés italiens d'avoir secoué cotte torpeur au contact de leur vive intelligence. Mais ce quo l'on ne sait guère, c'est le r61e capital qu'ils jouèrent en matière de pédagogie, mème avant Mademoiselle Gatti de Gamond.
Depuis le XVHèmo siècle, l'enseignement avait beaucoup laissé à dé-sirer dans les Pays-Bas espaguols, puis autrichiens. Les autorités ne s'étaient presque en rien souciées de l'instruction primaire. Au sommet de la hiérarchie, l'Université de Louvain s'était endormie dans la routine et la tradition scolastique. Au niveau du secondaire, les Jésuites avaient dirige des établissements d'éducation d'une manière exceliente mais leurs collèges avaient été réservés aux fils des classes dirigeantes et ils étaient trop exclusivement littéraires et mondains. La RépubUque francaise victo-rieuse n'avait eu le temps que de détruire; le Consulat et l'Empire avaient Iittéralement caporalisé les programmes et les disciplines des lycées. De 1815 à 1830, Guillaume I8r s'était voué à la tàche de restaurer les études par un enseignement centralisé, à tous les degrés. Get effort plein de noblesse avait eu malheureusement le défaut d'ètre trop étatiste et lalque pour le sentiment belge de l'epoque. La politique scolaire avait poussé nombre de catholiques à se jeter dans l'opposition, puis à participcr à la revolution de 1830. Mais, ni le Gouvemement Provisoirc, ni le Congrès, ni les premires ministères de Léopold Ior, n'avaient euleloisir de faire face aux nouveaux pro-blèmes de l'instruction et de Péducatiou. En aoùt 1831, alors que la Belgique n'avait été sauvée d'une restauration hollandaise que par une foudroyante interventiou franco-anglaise, Quetelet écrivait à son ami Jullien, directeur de la Revue encyclopédique à Paris: Notre enseignement est dans le désordre le plus épouvantable. C'est pis encore que notre armée! Nos faiseurs de révo-lutions ont singulièrement compromis notre réputation et notre avenir... J'espère que notre nouveau Roi va faire justice des incapacités qui étaient parvenues à s'emparer de tout.
Par un contraste assez piquant, Bruxelles était à ce moment une ville de pensionnats privés où nombre de familles opulentes envoyaient leurs enfants de toutes les parties de l'Europe. Situé sur un ha ut plateau agreste, à l'est de Bruxelles, le faubourg de Naniur ou d'Ixelles était particulièrement réputé. On n*y voyait (jae bosquets, prairies et pavillons de plaisance, tei celui qu'h abita la célèbre Malibran avec son mari, le violoniste Charles de Bériot, et qui est aujourd'hui le siège de la municipalité ixclloise. De partout l'on jouissait de panoramas ravissants, vera, le ruisseau et les étangs du Macl-beek, vere l'antique porte de Hai, vers les rcmparts de Bruxelles transformés en houle vards, vers les tours de son Hotel de Ville et de sa collegiale des Saint Michel et Gudulc. De pittoresques noms de rues mainticnnent aujourd'hui encore le souvenir de ces temps idylliques: la rue de la Longue Haic, de l'Ar-bre Bèni, du Berger, du cliamp des cailloux (Keyenveld), de l'Emiitage.