Rassegna storica del Risorgimento
FRANCIA ; CRIMEA ; SARDEGNA (REGNO DI)
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1958
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40 Jacques Godechot-Francoise Pernot
Tout en lui, nous dit Emile Ollivier était noble, distingue: la personne haute, elegante, d'une allure fière; la lete petite, d'une belle régularité où se rctrouvait encore l'empreinte du grand Béarnais, éclairée par deux yeux sou.rian.fcs et fìns. Son commerce était égal, agréable; il y apportait un tour d'esprit, de gràce enjouée et de spirituelle malico qu'il tenait de sa mère. On a dit que dans sa politesse il y avait du dédaigneux, a) je ne l'ai jamais va ainsi. Quekju'insoueiance entrait dans cette nature élevée, ce qui, joint à un sentiment de l'honneur toujours en éveil, en faisait le type accompli de notte velile aristocratie. Il voyait les choses à voi d'oiseaux et n'avait pas goùt à se perdre dans les profondeurs, mais cette vue était claire et juste. Il connaissaìt les prudenees de la diplomatie, il avait toujours voulu cnignorer les astuces. Emile Ollivier admirait Gramo ut parce qu'il avait toujours un e avis décide. On verrà qu'à Tuxin, cet avis ne fut souvent que le reflet de la pensée de Drouyn de Lhuys. Le saug-froid, ajoute Ollivier, le mettait à l'abri des entrainements irréfléchis. Ce jugement est sans doute exact, car on s'en apercevra, Guiche ne se laissera guère entrainer par la eause italienne. Ollivier ajoute que Guiche ne professa jamais ancone sympathie pour le Roi de Sardaigne, on en conviendra aisémeut après avoir lu les extraits de ses dépeches.3)
D'autres témoins sont plus sévères pour Àgénor de Guiche. Le baron Beyens estime que sous l'assurance superbe qui émanait de sa personne le due faisat preuve d'inexpérience et de manque de sang-froid. ' Quant à Maxime du Camp, qui avait été l'ami d'enfance* du due de Guiche, il déclare que le personnage n'était pas de taille à affronter les principaux hommes politiques de l'Europe. Au total, Guiche fut anssi mediocre ambassadeur que mauvais ministre. 5>
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En 1853, lorsque se tendent les relations entre l'Angleterre et la Russie et que se noue l'aUiance franco-britannique, le Piémont, parait, à en croire les dépeches des agents francais, décide à s'enfermer dans un total isolement et à se consacrer uniquement au développement de sou economie.
Le baron Brenier, à la suite du voyage d'information qui le conduit en Italie à la fin de 1853, note ceci:
Les préoecupations les plus vives ne semblent pas produrre d'agitation extérieure et je ne sais mème si on pourrait dans un moment de d anger fair e jaillir da pays ces résolutions énergiques qui honorent une nation en compro-mettant peut-ètre son existence... Si jamais le Piémont était appelé à prendre part à des eomplications européennes... il faudrait peut-ètre exereer une
1) Henri IV, ance tre da due de Guiche.
2) CibrariOi ministre des AiFaires étrangèros de Sardaigne do 1855 ù 1856, trouve au due de Gramoiu un ton, des grands air et romarque qu'il se donne heaucoup de peine pour fairo ezoire à tout le monde qu'il a (A Tuxin) une influence prépondérante. Cavour e l'Inghilterra, t. I, Bologna, 1933, pp. 97-98.
3) EMILE OLLIVIEH, L'Empire liberal, tomo 13, Paris, 1908, pp. 433-436.
4) BABO.V BKYE/<B, Le eecond Empire vu par un diplomate bolge, tome 2, Lille-Bruges,
B. a., pp. 417-419;
5) MAXIME DU CAMP, Souvenir d'un demir-aièelo, tomo I, Paris, 1949, pp. 243-244. Plus iavoraitlc C. DE GmmwAU), le duo de Gramont gentilhommo et diplomate, Paris, 1950.