Rassegna storica del Risorgimento
FRANCIA ; CRIMEA ; SARDEGNA (REGNO DI)
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50 Jacques Godechot Franqoise Pernot
A ces conseils assez timorés s'oppose l'allant de Cavour dont les projets politiqucs devancent sans cesse les pensécs des autres parlcmcntaires.
Ainsi, une fois la guerre déclarée (27 mars 54), et l'alliance signée entre l'Angleterrc et la France, il n'hésite pas sur quelques parolcs un pcu èqui voques du représentant anglaìs à Turin a proposer 15.000 hoinmes pour la guerre d'Orient.J)
Devant la réactiou de ses collègues, et celle de la France contrariée d'avoir été précédée, sans consultation préalable, dans une telle dém arche Cavour doit se rétracter, et une mise au point est faitc: il ne s'agissait pas plus d'ouvertures de la part de l'Angletcrre, que de propositions de contin-gent de la part de Cavour... Episode d'un jour, résumé de Guiche; mais dont les répercussions doivent aller sans cesse grandissantes. 2)
Malgré le desaveu du cabinet sarde, il semble évident que la volonté de Cavour est appelée à prévaloir sur celle de ses collègues: elle doit, écrit le ministre francais, à un moment donne, l'è reporter et entrainer le Cabinet .3)
Ce dcrnier ne trouve d'ailleurs pas d'argureent décisif contre certe idée. L'un invoque la décrépitude du Trésor; l'autre le danger d'une dispersion de l'armée au moment où le front austropiémontais pourrait réclamer un surcroìt de renfort; un a ut re encore, montre le ridicule d'une proposition de contingent Sarde, en face des forces relativement énormes déployées par les alliés...
Mais chacun évi te de poser franchement le problème de savoir ce qu'il faudrait répondre à une demande officielle de coopération, émanant des alliés.
Cette réserve n'est autre chose que l'aveu tacite du consentement écrit de Guiche... Pour rea part je n'en ai jamais douté un seul instant... je n'ai pas cru nécessaire ni méme utile de sonder indirectement le gouveme-ment sarde à cet égard. Les circonstances parlent d'elles-memes, et leur langage est assez clair pour que l'intelligence la plus inexpérimentée la cora-prenne sans incertitude.
Je me suis abstenu encore bien davantage de faire la moindre allusion qui put en aucune faon ressembler à une ouverture quelconque, d'abord parce que Votre Excellence ne m'y. avait pas engagé et en second lieu parce que sans rien m'apprendre que je ne susse parfaitement, une semblablc démarche de ma part eut été... tout à fait inexplicable avant la communica-tion officielle du traxté d'alliance des Puissances. *)
Or cette communication est faite au Piémont le 20 mai; cependant aucune invitation de la France à adhércr à l'alliance n'y fait suite. De son coté la Sardaigne est également décidée à ne pas faire les premiers pas. D'après ce que j'ai pu entrevoir, la réponse du Gouvernement Sarde ne cacherà pas les sympathies qui l'animent, et l'entrafnent vers les Puissances occidentales. Elle sera sous ce rapport parfaitement explicite, mais elle ne contiendra pas l'adhésion officielle de la Sardaigne à la convention du 10 avril. 5)
1) A. E. 29-4-54. Guiche.
2) A. E. 30-4-54. Guiche. Cfr. Le Relazioni diplomatiche, op. cti., t. II, pp. 64-77.
3) A. E-30-1-51. Guiche. *) A. E. 30-4-54. Guiche.
) A. E. 21-5-54. D. P. u" 147. Guiche.