Rassegna storica del Risorgimento
1860 ; BIXIO ALESSANDRO ; NAPOLI
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1963
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546 Georges Dethan
Je sms ici depuis qua tre jours, j'ai parcouru presque tous ics quartiere de la ville, j'ai vaincincnt ckerché une maison en construction, un macon. Je vaia avant-hier au Musée, je le trouve ferme sous pretexte de je ne sais quelle fèto. J'y retourne kier, il était encore ferme, c'était dimanclie, Je dcniaude s'il 8cra ouvert aujourd'kui, le portier sourit de mon acccnt, mais me répond très polimen.tr le cocher de mon calessino était présent et rit aux éclats. Je remonte dans le calessino, je dis on je veux etre conduit: nouveau rire de mon cocher, partagé par un komme, très bien Lati ma foi, assis à son coté sur le siège et jouant le ròlc de valet de pied; la paticnce nrécliappe, je leur allonge à chacun un soufllet et leurs tètes s'entrechoquent rudemente ils n'ont pas méme eu la cuiiosité de savoir d'où leur venait la chose, ils ne se sont pas retournés et, en arrivant à destination, ils ont été plus obséquieux que jamais. Voilà ce pays, voilà ce peuple, et ce n'est douceur ou énervement, c'est bien làcketé, car il u'y a pas de nuit qu'on n'assassine des étrangers dans Ics rues pour Ies dépouiHer. Avant hier c'était un francais, kier un colonel Dunn, an-glais, quelques jours avant un des fils du Due de Somerset. Olivier1), il y a quel-que temps, à dix keurcs du soir, sur le quai de Sainte Lucie où il se promenait avec deux camarades, beurte du pied un komme qui ràlait, baigné dans son sang; ils s'écrient, en un instant la foule s'assemble, un ckirurgien militaire italica passe, déclare que le paticnt peut ètre secouru et demande qu'on le transporte dans une maison voisine; personne ne consent à le toucher, chacun s'écarte, les jeunes offieiers le saisissent, le présentent à plusieurs portes que la cuiiosité des kabitants avait fait ouvrir; toutes se ferment et le moribond expire. Pour comprendre cette cruauté, il faut savoir que, sous l'ancien gouver-nement, la police aurait arrété les cent curieux amassés autour du moribond et les aurait oubliés, un ou deux mois, dans quelque prison fangeuse.
En cela, comme en tout, c'est le gouvernement qui est le vrai coupal)le, c'est lui qui incessamene sans jamais se lasser, a faucké tout ce qui montrait ou laissait soupeonner un sentiment généreux, c'est lui qui, par l'espionuage, la vénalité, la corruption a démoraksé et pour ri cette population. Le roi volait, les fonotionnaires volaient le roi et ranconnaient les partìculiers, les particub'ers se volaient entre eux, se vendaient comme les magistrats, comme tous les fonc-tionnaires, au plus ofant, en un mot chacun volait et tu n'imagines pas à quel point.
La Princesse Bovino, riche de 300.000 frs de rente, Bile de l'ex-premier ministre, le general Filangieri, vole un bijou de 200 frs. en se faisant montrer dea parurcs dans un magasin. La bijoutière lui dit: Princesse, restituez sur le champ le bijou que vous venez de prcndre, ou bien je le reprends moiméme dans la poebe où je vous l'ai vu mettre . La Princesse rend le bijou en souriant, sans confusion et comme accoutumée à de pareils propos.
Jeudi, j'étais scul avec Farini dans son cabinet; il me contait ses embar-ras, ses eiuuis, ses dégoùts: 43.000 pétitions d'emplois reeues eu 15 jours, des prétentions grotesques ou odieuses, dont il est assalili à tonte keure dans le palais du roi qu'il habite. Un kuissicr apporte des lettrcs et ajoute que la femme, Fkomme et l'enfant qu'il a annoncés il y a quelques heures sont tou-
x) Second fils d'Alexandre Bixio. Il avait participi avec son onde Nino à l'expé-dition des Millo. II dcvaìt mourir en exploration, à Panama.