Rassegna storica del Risorgimento

Charles Albert et le comte d'Auzers de 1814 à 1821 7
rable; il ne semblc pas y avoir songé. II resta d'ailleurs sans emploi en Piémont. Etait-il très riche? Rien ne le dit. Il acheta Belangero pour 240000 f., mais quand, quelques années plus tard, il apprit que le chateau de Pazayac dans le Cantal, où il était né, se trouvait à vendre, il dit quo Fa chat de Belangero avait épnisé ses disponibilités. Il n'eut jamais par contro de dimcultés pour tenir son rang. Donc, en 1814, Jean Louis d'Au-zers choisit le Piémont comme une seconde patrie. Il y avait déjà trouvé une seconde famille, celles des Bens de Cavour, et toutes Ics lettres échan-gées montrent la profonde afiection, la sincérité avec laquelle étaient partagées les joies, les inquiétudcs, les douleurs *) entre les membres de ce groupc familial. Son expérience de vie en Piémont permit au comte d'Auzers de dicter quelques conseils à son neveu et filleul Louis lorsque celui-ci fut admis en 1828 au Collège de Turin: Cher ami, lui écrivit-il, tu n'es plus en France. Il est possible que tu trouves ici quelques usages et habitudes nouvelles pour toi. Loin de les traiter de singularités, je t'engage au contraire à les respecter. Lorsqu'avec le tems tu sauras les apprécier, tu reconnaitras que ces coutumes sont presque toujours fondées sur des motifs adaptés, les uns au climat, les autres à la position géogra-phique ou politique. Les nations ne permettent pas que des étrangers les régentent dans leurs propres foyers. Chaque peuple sur la terre a quelques nuances distinctives de son caractère: garde toi de toute comparaison défavorable pour le pays que tu habites. C'est en ne m'écartant jamais de ce principe que j'ài acquis en Piémont de la confi ance, de Pestarne, de la considération... .
Les Cent Jours passèrent sans rien changer au sort des d'Auzers. Le 3 juin 1815, Henriette écrivit à sa belle sceur Zélie pour lui conter le remariage de sa sceur Yictoire avec le due de Clermont Tonnerre; elle signala aussi qu'une personne qui fait ses affaires et qui a été soignée par mon mari il y a quelques années, lui en a témoigné sa reconnaissance de la manière la plus marquante et la plus flatteuse. Je ne saurois exprimcr combien Festini e et Fattachement continuent à se prononcer en sa favoni: Je n'avais pas d'idée que tout un pays conservai tant de chalcur pour ce qui ne lui sert plus; cela relève à mes yeux Pespèce humaine, que je n'hono-rais guères auparavant en fait de reconnaissance et de désùitéressement . Le nom et les aotes de la personne qui donna tant de joie à la comtesse d'Auzers sont restés inconnus...
Peu de jours après, d'Auzers beneficia, d'une facon eclatante, de la faveur du roi Victor Emmanuel I. Celui-ci avait décide, le 27 juin 1815, de
*) On sait que la tombe de Jean Louis d'Auzers se trouve au milieu de celles des Bens de Cavour a Santcoa.