Rassegna storica del Risorgimento
CARLO ALBERTO RE DI SARDEGNA; DOUHET D'AUZERS JEAN LOUIS DE
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1965
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21
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Charles Albert et le comic dr Auserà de 1814 à 1821 21
C'est à Raccoimis, mon cher Comte, que je recois votre lettre qui, à part des choses trop aimables sur mon compte, m'a procure grand piai-sir et interét par ce que vous me dites sur la conduite que doivent avoir les Princes; j'cn suis persuade et ce sont les sentimens que je chercherai toujours à mettre en pratique; je garderai ces conseils comme precieux et les seuls qui, à mon avis, peuvent faire connaitre aux Princes les person-nes qui leur sont vraiment attachées. Les jcunes gens à la mode et les philosophes du siede ne m'en donneraient sùrement pas de semblables, mais je n'ai jamais aimé à les singer, ni dans mes opinions, ni dans mes usages, ne me souciant aucunement de l'opinion de ces personnes dont l'ambition est de passer pour des esprits forts, et qui, selon moi, sont des esprits faibles, puisqu'ils affectent de mépriser une religion qu'ils ne con-naissent pas, qu'ils ont une conduite fort peu morale et qu'ils se mode-lent entièrement sur ce qu'ils appèlent l'esprit du temps sans rien approfondir; l'esprit fort devrait plutót, à ce que je crois, rechercher la vérité où elle est, avoir des principes justes et fixes qu'il suivrait sans s'im-portuner de l'opinion commune. Mais je vois que je sors de mon sujet, je voulais vous dire, mon Cher Comte, que l'approbation des personnes de ménte honnétes gens est la seule que j'ambitionne et que je m'efforce-rai toujours d'avoir et, cornine vous me disiez fort hien, la dernière fois que j'ai eu le plaisir de vous voir, l'homme qui n'a rien à se reprocher ni dans sa conduite ni dans ses opinions est toujours bien plus fort et capa-ble de grandes choses.
Je regrette bien que vos yeux vous fassent toujours soufFrir; il faut en avoir soin car vous devez, mon Cher Comte, les ménager pour vos amis. Vous relisez, me dites vous, l'Histoire d'Hespagne; une personne qui n'en aurait aucune notion n'y verrait pas sans étonnement le gouvernement de Ferdinand et d'Isabelle plus monarchique que celui qu'on vient d'y établir.
Avant d'aller à Genève, si vous pouviez venir passer quelques mo-ments à Racconnis, vous me feriez bien plaisir, autrement je vous verrais à Turin en y fesant une course.
En vous assurant de nouveau, mon Cher Comte, de toute mon amitié, je suis pour toujours.
Votre bien affectionné
Charles Albert .
Quelques scmaines plus tard, au comte d'Auzers alors à Genève dans la faniille de sa femmc, le prince écrivait de Racconigi le 8 juillet 1820:
De très impertinentes fièvres ticrces qui m'ont retenu au lit bcau-eoup plus de temps que je n'aurais désiré m'ont fait envier, non le climat