Rassegna storica del Risorgimento

GUERRA ITALO-TURCA 1911-1912
anno <1976>   pagina <57>
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Sur la guerre italo-turque 57
par le secrétaire de la légation, le baron Villenfagne,30) et porte le titre general: Le conflit italo-turc .
Jc causais hier avec M. De Martino qui était chargé d'affaires à Costantiiiople lorsque la guerre celata. Il me disait que déjà au moment où il a quitte l'Egypte pour se rendre en Turcruie un conflit était à prévoir.
Ce qu'il ne m*a pas dit, mais ce qua déclaré un homme politique en vue dans une réunion publique et ce qui, en dépit d'un dementi qui ne pouvait pas ne pas lui étre op­pose, reste la conviction generale non seulement dans les cercles dìplomaliques, mais méme panni les amis personnels du Marquis de San Giuliano, c'est que le ministre des Affaires étrangères d'accord avec le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, avait, de longue date, preparò l'action entreprise en Tripolitaine et à en croire l'homme politique dont il s'agit, ils avaient remis une note exposant leurs projets à M. Giolitti, et ìls lui avaient méme offert de se démettre de leurs fonctions si le Premier Ministre n'agréait pas leurs propositions.
Le chef de cabinet et le monarque lui-mème hésitèrent d'abord à entrer dans les vues de la Consulta. M. Giolitti craignait l'effet dune déclaration de guerre sur la situation parlementaire par suite d'une violente opposition venant surtout des socialistes.
Il semble aussi que la Consulta, ayant réussi à faire partager ses desseins par le gouvernement, avant de pousser les pourparlers avec la Turquie à un point d'où la guerre pourrait résulter, se soit assurée formellement des intentions du Quai d'Orsay.
Ces faits ne sont pas prouvés mais certaines attitudes et certaines paroles y font croire. S'ils sont exacts, le ménte de l'occupation de la Tripolitaine revient à deux hommes d'Etat appartenant à la Sicile, qui est de toutes les parties de l'Italie celle qui fait dans rAfrique du Nord les affaires les plus importantes et dont les intérets souffrent le plus directement des tracasseries turques.
M. De Martino me disait que la déclaration d'annexion avait pour but de mettre les Turcs en présence d'un fait accompli, de leur montrer l'inanité de la résistance puisque l'Italie, qui a, en Tripolitaine, une incontestable supériorité militaire sur son ennemi, est décidée à ne jamais rendre certe province à la Turquie. Mais il ne croit pas que cette déclaration amènera les turcs à négocier maintenant.
On peut se fìgurer aussi que le gouvernement, par sa proclamation, a visé, en ordre secondaire, à entretenir le patriotisme de la nation et des troupes.
Une relative incertitude sur le succès des armées italiennes causait dans le pays un commencement d'énervement qu'il fallait arrèter. Par un geste en somme habile, le gouver­nement a montré à la nation qu'il se considerai! déjà victorieux, à ce point qu'il prend une attitude qui rend tonte reculade impossible.
Aux Turcs désormais. à eux seuls, et quelques mesures qu'il faille employer pour les y décider, il appartiendra de mettre un terme à la guerre en traitant sur la base d'un abandon complet de leur province.
L'Italie reprendra à son compte la paride de la dette ottomane considérée comme affeetant la portion de territoire conquis. H est permis à la Turquie d'espérer encore quel­ques compensations peu importantes, mais cet espoir va se réduisant avec la prolongation des hostilités. Pour faire face aux dépenses de la guerre, le Trésor dispose de plusieurs cen-taines de millions qu'il trouvera dans les bonis consolides, dans les crédits non encore uti-lisés, dans I'cmission des bons du Trésor. Le trois et demi pour cent italien ayant un cours
*>) Né à Sorinnes le 30 aoùt 1878, le baron Jean Villenfagne de Sorinnes entra dans la carrière diplomalique en 1902. Secrétaire de lère classe à Rome (1910) il fut mis en disponibilité en 1913 pour avoir refusò - - semble-t-il - - sa nomination à Lisbonne. Rein­tegre à sa demando en 1915 après avoir passe huit mois au front, il acceda rapidement au sommet de la hiérarchie puisqu'en 1921 il était nomine envoyó extraordinaire et ministre plénipotentiaire. Il termina sa carrière en 1941. La date de son décès est inconnue. Voir sur le personnage: G. BRAIVE -1. MONDOVITS, Le carpa diplomalique..., art. cit., t. XIII, 1970, n. 2, pp. 97-98.