Rassegna storica del Risorgimento
GUERRA ITALO-TURCA 1911-1912
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Michel Dumoulin
supérieur au trois et demi d'autres pays, comme l'AUemagne, la Prusse, la Suisse, un era-prunt ae piacerà dans de bonnes conditions, s'il est nécessaire. On calculait, avant l'envoi des renforts actuels et le rappel d'une nouvelle classe que la moyenne de la dépensc n'at-teignait pas un million et demi par jour.
Personne ici ne tente de predire la durée du conflit et puisque la solution en a été mise entre les mains des Turcs seuls, ceux-là surtout qui connaissent l'Orient et savent qu'il est fécond en surprises se garderont, avec la plus grande prudence, de jouer au prophète.
Plusieurs journal istes, notanunent les correspondants de deux grands journaux an-glais, m'ont communiqué leurs impressions. Quoique légèrement décus de n'avoir pas eu pour voir et encore moins pour informer toutes les facilitcs qu'ils avaient désirées, ils recon-naissaient que les violences commises par des soldats italiens en dehors des combats régu-Iiers étaient inévitables, et, si pas entièrement justiiìables, du moins tellement naturels, qu il eùt été impossible de les punir avec sévérité. En effet, les Arabes qui avaient fait leur soumission, non seulement assaillaient les troupes par derrière pendant les combats, mais achevaient des prisonniers. mutilaient les cadavres, et pour les ridiculiser. les soumet-taient à des pratiques barbares, rebutantes et dégoùtantes, qui paraitraient odieusement sacrilèges à tous les Européens, et qui exaspéraient des natures excitables.31)
Le dernier rapport que uous reproduirons date -du 28 mai 1912. Gomme nous Fanxioncions au début de cet article, il est postérieur de plusieurs mois aux autres documents que nous avons cités. Eu égard à son intérét, nous ne eroyons pas inutile de l'avoir inelus ioi. Il est signé du eomte van den Steen:
Monsieur le Ministre,
J'ai l'honneur de vous envoyer, sous ce pii, un article de Deso , correspondant de V Ex press de Genève sur le nationalisme italien. Le journaliste francais rend compte des origines et de revolution spontanee de ce mouvement dans la Péninsule.
Qu'elle ait agi sous l'impulsion d'esprits dirigeants ou d'un sentiment déjà généra-lisé, la presse a été le principal facteur de l'italianisme. Elle a greffé sor les formules éven-tées du Risorgimento des idées nouvelles et, sous la poussée des événements, leur a assuré une rapide et intense floraison. Peu de peuples ont l'orgueil de race plus développé que les Italiens. Cet orgueil ne fut émasculé ni par les querelles intestines du XTVe au XVIIIe siècle, ni par les li umilia tions infligées aux armes italiennes pendant la période construc-tive de l'unite. Cet irrésistible sentiment a effacé, dans le coeur des patriotes, le souvenir des in terventions francaises ainsi que les défaites de Lissa et de Custozza pour y substi-tuer la glori fica tion de Cavour et de Victor-Emmanuel II.
Actuellement le nationalisme italien se donne pour mission de prendre à son compte les traditions de la Rome imperiale. Si l'insuccès de l'aventure abyssine a quelque peu restreint les horizons de la politique coloniale, on peut étre néanmoins convaincu que l'Italie revendiquera tot ou tard, dans la Mediterranée, une influence que la France et l'Angleterre devront admettre et partager loyalement pour conserver une amitié précieuse.
Tout en reconnaissant à la presse son ròle prépondérant, les esprits réfléchis mani-festent des inquiétudes quant à ses procédés de propagande de l'italianisme. Ils prévoient des déceptions et prédisent une formidablc réaction. Sans doute ces craintes sont exagérées, mais on peut redouter les conséquences de la tension des esprits soutenue par des procédés artificiels. si le resultai de l'entreprisc ne satisfait pas Tambition démesurément développée. Depuis huit mois que dure la guerre, celle-ci forme à peu près l'unique aliment des journaux. Devant cet événement qui n'en finii pas, qui devient monotone pour l'étranger, Fintérét de la vie mondiale s'efface pour les journalistes italiens. Leurs organes ne cessent de consacrcr, chaque jour, au moins deux éditions et dans chaque édition trois pagcs sur quatre, a la guerre.
3) A.E.B., Coir. Poi, Lég., Italie, t. XXII, Rome, 10 novembre 1911 (n. 944/359).