Rassegna storica del Risorgimento

Francia. Italia. Filosofia politica. Storiografia. Secolo XVIII
anno <1994>   pagina <459>
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> Les àoclrinaìres et l'image de l'Italie 459
lien ètte incapable de se faire entendre, avec sa bourse pleine ne savoir comment payer une paire de gants .a) Fait en soi fort positif, la surabondance historico-culturelle n'en constitue pas moins une source de fatigue pour le voyageur. Astreint à ce que Stendhal nomme le de-voir de voir ,64) il est en effet condamné à rentrer chez lui la téte pleine de ce qu'z'/ a vu pendant les deux premières heures, tandis que tout le reste a disparu .o5) Elle demande en outre un éventail d'apti-tudes qui ne se trouvent que bien rarement réunies chez le méme su jet: où trouver en effet un esprit assez étendu pour concevoir toute l'Italie, ce pays si complexe, pour qui la nature a tout fait, que trois grandes civilisations ont couvert de leur débris, et dont l'état actuel présente une telle complication de phénomènes curieux et variés? .66)
Ces difficultés engendrent dans la plupart des rédts de voyage un certain nombre de défauts que le Globe dénonce avec la plus grande fermeté. Si la pléthore de lieux communs, la futilité et la technicité sont les plus répandus, aucun n'égale en gravite l'absence totale d'in-téret pour les réalités humaines.675
Pour n'avoir pas su éviter ces écueils, la plus grande partie de ces ouvrages sont d'un niveau qui, généralement bas, est parfois au-dessous de tout. Les limites sont franchies en Angleterre. C'est dans ce pays, en effet, qu'une centaine au moins de jeunes gens panni les deux ou trois mille [...] qui, chaque année, font leur Vrance et leur Italie (c'est l'expression), [...] se croient obligés de mettre le pu­blic dans la confidence de leurs niaises admirations et de leurs dé-goùts plus niais encore .68)
Que sera-t-il, alors, ce livre de voyage? Oeuvre d'un homme d'esprit qui n'est étranger à aucune espèce de connaissance et qui n'est inaccessible à aucun gerire d'intérèt ,69) il saura accorder la priorité ab-solue aux moeurs qui devront trouver en lui un observateur conscien-
*> Globe, V (18 aoùt 1827), p. 313.
w> STENDHAL, Voyages, cit., p. 604.
) Globe, V (18 aout 1827), p. 312.
w Globe, VI (13 février 1828), p. 199.
67) Outre l'ennui des redìtes, la grande cause du dégoùt qu'excitent ces sor­te* de livrea, c*est qu'après le Vésuve, le beau ciel, deux ou trois cérémonies papales, ou les gondoliere de Venise, l'Italie et les Italiens de nos jours n'y sont absolument pour rien. On se promène en ce pays comme en un vaste salon d'exposition pu-blique, où sont rasscmblés les chefs-d'oeuvre des grands maltres du temps de Leon X, et les monuments de l'antiquité romainc: pour le peuple, on n'y songe seule-ment pas. Sous l'épée francaìse, ou sous le bàton autrìchien, qu'importe cet esclave malheureux et pourtant si plein de genie? Qu'est-ce que cela fait à l'artiste, au poète, au réveur? (Globe, I (2 novembre 1824), p. 97).
) Globe, V (7 aotìt 1827), p. 285.
) Globe, I (26 mars 1828), p. 429.