Rassegna storica del Risorgimento
Francia. Italia. Filosofia politica. Storiografia. Secolo XVIII
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1994
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466 Jacques Misan-Montefiore
Armand Cartel eri l'occurrence109) a l'audace et le flair de n'en pas croire un mot et de le prouver de facon aussi spirituelle qu'exhaustive non sans relever les qualités indiscutables de Poeuvte.li0} Objet d'un mythe déjà séculaire, Venise a trouvé en Pierre Daru le biographe qui convenait à son existence hors serie.1115 Si elle a expiré, c'est beaucoup moins par les efforts d'une lutte inégale et malheu-reuse, que par un principe de faiblesse et de mort qu'elle portait depuis longtemps dans sa constitution .m) Ainsi commence la sèrie d'articles que le Lycée frangais consacre à cette oeuvre monumentale.m) Les mé-rites remarquables de son sénat ainsi qu'une indépendance courageuse à l'égard de l'Eglise allant de pair avec la sincérité du sentiment reli-gieux, tels sont les traits que la revue retient des débuts de la Serenissime.
Assez vite, cependant, apparaissent des germes de décadence qui fi-niront à la longue par provoquer la chute. Populaire à ses débuts, le pouvoir va en effet évoluer vers l'aristocratie. Son autorité, se concen-trant de plus en plus, finit par résider toute entière dans le fameux Conseil des Dix, terrible et perpétuelle dictature qui enfante à son tour une dictature plus terrible, parce que c'est la méme autorité remise a moins de mains encore:114) l'Inquisition d'Etat. Son origine est pleine d'enseignements. Une conjuration à épouvanté la République. Pour en rechercher les coupables, on nomme une commission de patriciens que l'on investit de pouvoirs absolus pour une durée de deux mois seule-ment. De temporaire qu'elle était, celle-ci a tòt fait de se transformer en conseil permanent. Ainsi, le corps de la noblesse se voit contraint de plier lui-mème sous le colosse qu'il a élevé; de nouveau, l'autorité se concentre et se resserre, et le gouvernement du conseil des dix rem-place celui du sénat, qui avait remplacé cerni du grand conseil .
Puissance invisible, inévitable, qui semblait pénétrer jusque dans le secret des consciences, et punir d'avance, pour épargner à ses victi-mes la pensée méme d'ètre coupables ,U6) l'Inquisition d'état gouverne
1Q9) L'attribution est due à F. SEGU, B. de Latoucbe, Paris, Les Belles Lettres, 1931, p. 314.
W Globe, V (19 mai 1827), pp. 105-106.
IU> Ristoire de la République de Venise, par P. DARU, Paris, Didot, 1820, 7 voi., in8.
"2) Lycée frangais, il (1819), p. 272.
ài Lycée francate, II (1819), p. 272-279; III, pp. 29-38, III (1820), pp. 107-118 (A.F. Théry).
> Lycée frangais, III (1820), p. 38.
iis> Ivi, p. 109.
m Ui, p, 113.