Rassegna storica del Risorgimento
Francia. Italia. Filosofia politica. Storiografia. Secolo XVIII
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1994
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Les doctrinaires et l'ini a gè de l'Italie 467
par la terreur que font régner ses trois membres et le mystère qui entoure tous leurs actes. Ils constituent l'aspect le plus visible d'un phénomène beaucoup plus vaste, le manque absolu de sens civique.1I7)
Voilà le vice capital qui finirà par causer la perte de la Serenissime. L'étendue de la documentation, l'impartialité totale constituent sans aucun doute des mérites essentiels pour un ouvrage auquel il faut décerner le titre de véritable monument historique . Ils n'égalent cependant pas, aux yeux des doctrinaires, celui de l'aptitude à faire penser le lecteur, sur les métamorphoses de la liberté en tout premier lieu. L'un des rédacteurs du Globe se montre plus touché par le spec-tacle qu'elles procurent et l'état d'àme, d'essence toute romantique, que celui-ci combinaison étonnante de grandeur et de décadence crée chez le voyageur.U8)
La maìtrise de l'espace cette position singulière au sein de l'Adriatique dont elle fut la reine n9) , une victoire remarquable sur le temps, la gaieté de sa population,120) le caractère étrange et mysté-rieux de ses institutions politiques, tels sont les principaux aspects du mythe de Venise. Plusieurs générations de voyageurs et de lettrés de tous les pays d'Europe y ont collaboré. Le séjour de Byron est verni lui conférer le sceau du genie; sa mort l'élève à l'apothéose et le fixe à jamais dans le temps. D'innombrables oeuvres bien oubliées au-jourd'hui pour la plupart le célèbrent à l'envi. Le Globe, en les analysant, les imite à sa manière.1215
,17> [...] il n'y avait pas de ckoyens à Venise; il n'y avait que des maltres et des esclaves. Or, il est certain que des esclaves, et surtout des esclaves sounris à de tels maltres, n'étant contenus que par la crainte, laisseront éclater leur baine dès qu'ils ne trembleront plus (ivi, p. 115).
US) Voulez-vous assister aux derniers moments d'une grande ville, venez à Venise. Venez-y, si vous aimez les riches palais, les beaux tableaux, les magnifi-ques églises. Venez-y, si des mes liquides, si un peuple qui il y a peu d'années ne connaissait ni un arbre ni un cheval, si les plus splendides merveilles de la nature et des arts ont sur vous quelque empire. Venez-y encore, si des souvenirs bisroriques tout vivants, si de grands contrastes vous touchent. Mais étes-vous surtout sensible aux progrès de l'esprit humain et de la civilisation, cberchez-vous de la richesse et du bonheur, alors fuyez loin de Venise. Il n'y a rien là pour vous. Dans peu d'années Venise sera ce que sont aujourd-hui Athènes et Syracuse. Quel-ques pécheurs camperont dans ses palais à demi-tombés (Globe, V (27 aoùt 1827), p. 322.
9> Globe, III (18 mars 1826), p. 200.
120) Cet aimable pays de Venise, le plus gai de l'Italie et peut-étre du monde (STENDHAL, Vie de Rossini, I, p. 99).
m) Mentionnons les é tu des suivantes: Oeuvres... d'ABNAULT. Théàtre. Oscar - Les Vénitiens, Le Globe, VII (7 février 1829); Marino Faliero par DELAVIGNE, Kevue francaise, X (juillet 1829), pp. 284-287; Mémoires de CASANOVA, Le Globe, III (31 décembre 1825), p. 24; VI (9 avril 1828), pp. 326-327.