Rassegna storica del Risorgimento
Francia. Italia. Filosofia politica. Storiografia. Secolo XVIII
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1994
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Les doctrinaires et Vimage de l'Italie 473
ves aìent été commises,157) cela ne diminue en rien le fait capital: ce peuple, si loin de nous par les idées, crut à la liberté, et s'en trouva plus digne que nous .158) Il l'a prouvé* à Venise: là, une aristocratie de dix siècles tomba sans honneur; une démocratie de quelques jours essaya de laver cette honte .159) Il l'a prouvé par la fidélité émouvante de ses régiments à la cause des armes franaises.160)
Ce qui avait été forge sur les champs de bataille a été définitive-ment scellé par les exactions sans nombre perpétrées par les alliés après 1815. Bien que replongée dans une apparente léthargie, la culture ita-lienne qui a suivi le retour à l'esclavage porte encore la trace indelèbile de l'influence franaise.
Anéantie dès sa première manifestation à Naples, l'idée de liberté poursuit ailleurs une progression qui, pour lente qu'elle soit, n'en est pas moins réelle. Deux de ses poètes la placent au centre de leur inspi-ration: Alfieri et Foscolo.
Les Frangais ont apporté au premier la consécration. Héros de la lutte contre les tyrans, le poète d'Asti est en effet pour eux le fonda-teur de cet art républicain dont ils veulent hàter l'avènement.I61) Bien vite, cependant, les changements de regime aidant, rengouement dispa-raìt. Ce n'est pas le cas cbez les Italiens qui, réussissant à percer l'en-veloppe du style pour ne tenir compte que du contenu politique, lui vouent un eulte aussi durable que fécond. Le message qu'il leur a tran-smis, Foscolo le recueille et le feconde. Parues à l'aube du siècle il n'a alors que deux ans, pour reprendre un vers trop célèbre les Ultime lettere di Jacopo Ortis constituent l'expression la plus réussie de la crise de pessimisme qui succède au tumulte et aux espoirs de la
Sous le royaume d'Italie, et en particulier après 1810, on sent la main du despotisme s'appesantir de plus en plus sur le pays; on reconnaìt cette volonté de fer qui, ne voulant pas étre accablée sous le fardeau de son propre .pouvoir, trouvait tout simple de passer le mérae niveau sur Paris et sur Hambourg, sur Amsterdam et sur Rome, de tout briser pour pouvoir suffire à sa tàche {Revue frati-caise, IX, art. cité, pp. 23-24.
,58> STENDHAL, Rome, Naples et "Florence, III, p. 178.
Revue francaise, IX, art. cité, p. 15.
wo) Aux époques de nos plus grands désastres, en Espagne, en Russie, en Allemagne, en Italie, on ne sai ira il: citer un corps, un régiment, un peloton dt l'arméc du royaume d'Italie qui nous ah abandonnés ou trahis: sainte fraternité que celle des combats et du malheur, fratcrnité que nous ne devons pas oublier, nous autres, aujourd'hui surtout que nous avons reconquis notre rang en Europe, tandis que l'Italie septentrionale, le berceau de nos compagnons d'armes, est accablée par la force (ivif p. 12).
161> J. KITCHIN, Un journal philosophique: La Dècade , Paris, Minard, 1965.