Rassegna storica del Risorgimento

488 Jacques Misan-Montefiore
et le Globe sait apprécier dans les Promessi Sposi des pages sublimes inspirées par une religion dont il combat les effets en politique.
Manzoni règne en effet sur des lettres italiennes où le théatre a la priorité, tels sont les deux grands faits qui émergent du tableau des doctrinaires, un tableau qui n'est pas moins cornplet pour cela. C'est que, engagé au sens le plus plein du terme, il n'a rien d'un panorama, inutile à force d'objectivité: les oeuvres étrangères surtout n'ont de valeur que dans la mesure où elles peuvent contribuer au renouveau artistique francais. Celui-ci, cela va de soi, devra s'effectuer dans le sens qu'ils souhaitent. Deux convergences capitales président à cette action: l'union de la liberté en politique et en art, la notion d'une liberté intimement liée à la modération. Elles font de la Lettre à Chau-vet ime redoutable arme de combat et de l'oeuvre lyrique de Grossi débarrassée de ses défauts une tentative à poursuivre. Elles dé-signent un chef-d'oeuvre dans les Promessi Sposi.
Véritable fondement de toute la culture moderne, l'histoire a trouvé en Vico son premier grand philosophe. Ces hommes de 1'objectivité y voient une raison de plus pour formuler leur exigence essentielle: l'aban-don du pittoresque trop facile de la couleur locale, cet ingrédient pri-vilégié d'une Italie mythique, au profit d'une authenticité fondée sur les données de l'histoire et des réalités humaines. Hommes de foi, ils présentent de l'Italie une image dont le dynamisme contribue à l'édifi-cation d'une culture francaise en plein devenir, une image dont la haute tenue, en prouvant que le présent est digne du passe, prépare la patrie de Dante et de Vico, de Manzoni et de Santa Rosa à re-prendre la place de choix qui est la sienne au sein de l'Europe.
Richesse et cohérence, analyse et synthèse, ces traits définissent une attitude et un art de voir. Ils font tout l'intéret d'une Italie que les doctrinaires ont voulu montrer dans son authenticité, dans la fidé-lité à sa vocation.
JACQUES MISAN-MONTEFIORE